Enfin un retour normal ? C’est sur cette question qu’une quinzaine de responsables des ressources humaines se sont réunis mardi 13 septembre à Paris, à l’occasion du rendez-vous mensuel de l’actualité RH, les Rencontres RH organisées par Le monde en partenariat avec ManpowerGroup et Malakoff Humanis.
« Je ne pense pas que ce soit une rentrée normale, mais plutôt une rentrée sous le signe de l’épuisement »introduit directement Fanny Lederlin, doctorante en philosophie et auteur de Dépossédé de l’espace ouvert. Une critique écologique du travail (PUF, 2020), avant d’indiquer que 41 % des salariés étaient en détresse psychologique en juin 2022. Elle explique ce « grande fatigue » par deux ans de Covid, bien sûr, mais aussi par « des années de réorganisation des méthodes de travail ».
Fatigue bien sûr, mais devoir d’optimisme, répondent presque unanimement les responsables des ressources humaines présents aux Rencontres, quel que soit leur secteur d’activité. « Le rôle social du travail peut expliquer un manque d’engagement. On ressent une sorte de fatigue, du moins un manque d’énergie, concède Juliette Couaillier, responsable du recrutement du groupe Havas communication. Mais chez nous, il y a une vraie dynamique. En deux ans, nous avons recruté 400 personnes en CDI. »
Le salarié perçu comme un » consommateur »
« Ce n’est pas tant un épuisement qu’un questionnement sur la capacité à se réinventer sans cesse, ajoute Robin Sappe, DRH d’Etam. Nous sommes dans la gestion de l’incertitude. Pendant deux ans, nous avons navigué dans un environnement totalement nouveau. Il y avait une aspiration à revenir à un mode d’organisation classique. Mais on voit qu’on continue à prendre des décisions dans un contexte qui change, avec des salariés qui n’hésitent pas à exprimer leur désaccord et qui ne sont pas là où on les attend. »
Les gros fichiers sont de retour. « En cette rentrée, nous n’avons certes plus la crise sanitaire, mais le retour de l’inflation. Nous n’étions plus trop habitués à avoir les aspects salariaux en premier lieu. Et le sujet de la sobriété énergétique s’est imposé », explique Marc Landais, DRH de l’Agirc-Arrco. Pour Olivier Ruthardt, DRH de Malakoff Humanis, « Les DRH ont un devoir d’optimisme et d’énergie avec beaucoup, beaucoup de collectif, dans une situation paradoxale : les salariés ne prennent au collectif que ce qui les intéresse ».
Le salarié est désormais perçu par les services RH comme un « consommateur ». Pour l’expliquer, Juliette Couaillier parle de la « phénomène de ‘je peux me retirer à tout moment' ». « Les responsables des ressources humaines devront mettre en avant le collectif », insiste Marc Landais.
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