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Des millions d’entre eux ont jeté l’éponge au cours des cinq dernières années. Frustrés de ne pas pouvoir trouver un emploi convenable, plus de la moitié des 900 millions de personnes en âge de travailler en Inde ne prennent même pas la peine de chercher. Un chiffre colossal, tiré des données du Center for Monitoring Indian Economy (CMIE), un groupe de réflexion basé en Inde, à Bombay. « Pour le moment, je n’envisage même pas de chercher un emploi »admet Apeksha Gurnani, une jeune diplômée en marketing de 22 ans.
Après avoir obtenu sa licence en juillet 2021, elle avait pourtant décroché un poste dans une agence de publicité à Gurgaon, située dans la banlieue de New Delhi. Mais elle a rapidement déchanté. « Je travaillais du matin au soir, presque sept jours sur sept, pour un salaire mensuel de 25 000 roupies [environ 300 euros] », explique la jeune femme de Lucknow, dans l’état de l’Uttar Pradesh. Une rémunération insuffisante pour garantir son indépendance financière dans la capitale indienne.
« Je n’y arrivais pas, mon père payait mon loyer tous les mois. A quoi bon investir des centaines de milliers de roupies dans nos études ?se demande-t-elle, près de six mois après avoir quitté son emploi. Je m’attendais à un avenir meilleur, mais après quelques mois de travail, j’ai compris quel serait le scénario. » Selon les chiffres du CMIE, entre 2016-2017 et 2021-2022, le taux d’activité en Inde serait passé de 46% à 40% de la population totale.
Économie informelle
Les données gouvernementales diffèrent cependant et enregistrent une augmentation du taux de participation de 36,9 % en 2017-2018 à 41,6 % en 2021-2022. « Le gouvernement considère qu’une personne est active si elle a été employée ne serait-ce qu’une heure au cours des sept derniers jours », souligne Mahesh Vyas, le directeur du CMIE. Ce groupe de réflexion considère, lui, qu’une personne n’est employée que si elle a travaillé, le jour de l’enquête téléphonique, une bonne partie de la journée.
« Cette baisse du taux d’activité [enregistrée par Le CMIE] est liée au manque d’opportunités, les travailleurs quittent le marché du travail parce qu’ils sont déçus », dit Mahesh Vyas. C’est ce qu’on appelle le « décrocheurs découragés »abonde l’économiste Arup Mitra. « Si vous ne trouvez pas d’emploi intéressant après un certain temps, vous finissez par abandonner »estime ce professeur affilié à l’Institute of Economic Growth, un centre de recherche de Delhi.
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