Après des semaines d’attente, le couperet est tombé, douchant le dernier mince espoir d’anciens salariés de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), implantée dans la zone industrielle des Prades, à Viviez, sur les hauteurs du bassin houiller de Decazeville (Aveyron). Matthieu Hède, seul candidat à la reprise de cette usine définitivement fermée, a annoncé lundi 18 juillet qu’il jetait l’éponge. Le dirigeant de MH Industries, groupe lotois spécialisé dans la fabrication de pièces métalliques, a été démis de ses fonctions. Renault (premier client de SAM) pour l’achat de pièces. « Il n’y avait pas de scénario possible sans le constructeur. Il fallait le convaincre de commencer la reprise avant de pouvoir s’en passer demain », explique M. Hède ce mercredi.
Si la proposition présentée en avril (8 millions d’euros de chiffre d’affaires par an) semblait le satisfaire, le groupe au losange a changé d’avis deux semaines plus tard. « Il ne voulait plus entendre parler des employés de SAM. Pour Renault, la fonderie n’existe plus. rapporte M. Hède, qui espérait alors « que le gouvernement joue son rôle d’interlocuteur. » Autre raison qui l’a poussé à renoncer à reprendre SAM : un financement loin d’être complet. « Le montant, entre 30 et 45 millions d’euros, était préoccupant. Car peu d’organismes financiers nous ont suivis sur un projet de sous-traitance risqué. »
« Ce n’est pas de la déception. Le mot n’est pas assez fort. C’est du dégoût, de la colère, réagit David Gistau, ancien agent de production entré dans la fonderie en 1991, et ancien membre CGT du comité social et économique de l’entreprise. Pour certains employés, c’est comme être renvoyé une deuxième fois. » Le tribunal de commerce de Toulouse avait scellé le sort de cette fonderie le 26 novembre 2021, en prononçant la cessation définitive de son activité et le licenciement de 333 salariés. Ils occupèrent alors l’usine pendant cent cinquante-quatre jours avant d’obtenir, sous l’égide du préfet de l’Aveyron, des garanties permettant d’éviter la vente des machines par des mandataires de justice.
« Notre territoire disparaît peu à peu »
Ghislaine Gistau, ancienne déléguée syndicale CGT, ne peut pas s’en remettre. « Je suis dégoûté. Le gouvernement avait les moyens d’agir et voilà, il laisse le constructeur agir en toute impunité. elle fustige. A 45 ans, ce responsable qualité embauché en 1998 réalise actuellement un bilan de compétences. « Je suis nostalgique de cette entreprise et des relations tissées avec mes collègues. Je dois ouvrir une autre page. Je ne travaillerai probablement plus dans l’industrie », elle reconnaît.
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